vendredi 18 mai 2012

22 mai : soirée ados à la bibliothèque Robert Desnos de Montreuil




















Voici l'invitation à la fête annuelle des ados (dont ceux du lycée horticole, bien sûr) qui se tiendra donc le 22 mai prochain à Montreuil. Je ne pourrais m'y rendre mais bonne soirée à tous, et à bientôt !

Anne Savelli

Balade en haute montagne, par Corentin















Au milieu de la montagne enneigée, deux couples de bourgeois habillés à la manière des années 30 se laissent photographier. Ils posent au milieu d’une route de façon assez naturelle comme s’ils avaient l’air de connaître le photographe, comme s’ils prenaient une pose en guise de souvenir au cœur de ce paysage.
Dans ce groupe de personnes, on peut voir qu’il y a un homme qui n’a pas l’air de porter attention à l’objectif. Son attitude laisse à penser qu’il n’aime pas être pris en photo et préfère profiter du paysage tandis que ses amies préfèrent être prises en photo, car à l’époque la photographie n’était pas très répandue.

La Réunion du parlement, par Jordan















Je suis avec mes collègues.
Les femmes ont été placées sur une table plus haute que nous.
Pendant la réunion, ils ont beau parler de projets, ces ministres, je sais que ça ne sera jamais réel car c’est de la parlote. Je pense qu’il faut se révolter.
Dire que dans la pièce d’à côté, il y a des personnes qui mangent du caviar pendant que d’autres meurent pour acheter une boîte de conserve !
Le ministre de l’alimentation me dit « Là n’est pas la question ». Je lui réponds « Vous n’avez pas honte ? »  Je dis à mes compatriotes qu’il faut se rebeller.
HOURA !

Sans titre, texte de Najwa















-       Je veux partir jouer au foot.
-       Oh ! C’est nul, en plus il fait chaud dehors.
-       J’espère que j’serai belle sur la photo.
-       J’aime pas les photos.
-       Je serai très mignonne sur la photo comme d’hab.
-       Je m’ennuie !

La Femme de Paris, par A.Housni.Bkd.P




















Je sors du logis, rue du cerisier, à l’angle il y a le vendeur d’allumettes vêtu de noir panaché de poussière, le visage vieilli, presque éteint. Le jour bat son plein, les ombres s’entrecroisent. Une brise caresse ma chevelure et celle de mon enfant que je tiens par la main.
Les rues se devinent pas à pas et dans le Paris de mon enfance où je me trouve, je ressens le parfum du vendeur de confiserie qui fit mon bonheur à l’âge de raison.
Le trottoir est large, les boutiques s’entassent par manque de place. Le soleil éclaire le teint de ma fille qui joue passionnément avec sa peluche. Quand soudain un homme peu âgé s’approche de moi. Il est souriant à chaque flash comme un employé fier de rapporter des échantillons à son patron. Il me dévisage un instant, ma fille encore innocente ne remarque pas sa présence. Et dans son objectif, ils nous cadrent et enfin il appuie sur ce bouton…

Comme d'habitude, par Ali

















On est en famille, dans l’entrepôt où l’on stocke la vinasse familiale. Depuis trente ans on enrichit notre patrimoine en augmentant le taux d’alcool et de raison dans nos fûts.
On prépare alors la fête du soir même où la musique et le vin coulent à flot. Comme toutes les fins de semaine, Gilbert, troisième du nom, prélève alors un échantillon de notre meilleur Gorgon, celui de l’année dernière avec un bon morceau de fromton et de saucisson.
Alors pour immortaliser le tout, on prend une belle photographie, mais on ne voit pas Micheline qui est affalée contre l’un des cubis.

Sans titre, texte de Kévin





















Cher Général Charles de Gaulle,
Je suis Albert-François Meniz, résistant-chef de l’Ile de France. Paris vient de passer aux mains des nazis d’Adolf Hitler, qui a lui-même défilé il y a quelques jours. Sur la photo ci-jointe, on voit la base officielle des nazis placés à Fontainebleau dans la pierre. C’est le colonel Wollmachtern Goékof qui la dirige. Comme vous le voyez, il est difficile de voir s’il y a des choses derrière ce tunnel et dans la pierre où se trouve un pont, donc ceci fait penser que des pièces y ont été aménagées. Mon équipe est composée de 53 hommes qui se préparent à un assaut contre la base.

Sans titre, texte de Baworn





















Une famille ordinaire habite dans une maison entre la ville et la campagne. Un jour de repos, un matin très ordinaire, dans son jardin, il se repose à l’ombre d’un arbre. Et voilà que sa fille apprend à marcher sur ses deux pieds avec l’aide de sa mère, son père est surpris, donc il est allé chercher l’appareil photo pour la prendre en photo. On peut dire que c’est la réunion de famille car tout le monde se trouve au jardin, même le chien de la maison, et voilà que son père a pris sa petite fille, que la photo a eu le bras de sa mère, le chien à l’intérieur et même un bout de jardin.

Un voyage prolongé, par Jeoffroy














J’attends que ce téléphone sonne…
Je me demande quand Père va rentrer… Nous sommes le 6 juin 1944 et mon père est parti en voyage. Mère dit qu’il est parti à la plage et qu’il ne reviendra pas. Ma grande sœur joue avec l’appareil photo. Il est parti depuis 58 jours dans cette camionnette verte.

Quatrième séance : travail à partir de photographies

Cette fois, il ne s'agit plus de partir de livres, mais de photographies trouvées au marché aux Puces pour écrire un texte. Après avoir choisi une photo puis l'avoir examinée, trouvé un ou plusieurs détails qui attirent le regard, la rendent particulière (décor, objet, posture du personnage...), j'ai demandé aux élèves d'écrire un texte au présent dans lequel ce qui compte, c'est le rapport entre la personne photographiée, le lieu dans lequel elle se trouve, le ou la photographe et ce qui se trouve hors cadre.

Pour cela, je leur ai proposé de partir de questions telles que : qui est cette personne ? Où se trouve-t-elle ? Pourquoi est-elle prise en photo ? Qui est le ou la photographe ? Qu'est-ce qui les unit ou, au contraire, les sépare ? 

On peut imaginer un dialogue, ou encore retranscrire les flux de conscience des personnages qui, muets, ne s'en adressent pas moins à eux-mêmes ou à l'autre (proposition inspirée par les romans de Nathalie Sarraute).


Fenêtres de Corentin


De la fenêtre de ma chambre, je vois un sapin entouré d’immeubles et de maisons, je jette un coup d’œil à droite puis à gauche. Mon regard croise celui de la voisine en train de faire la vaisselle.
Par la fenêtre, je vois les enfants jouer , le soleil rayonner, mais moi je dois rester cloîtré seul dans ma chambre pour me soigner.
Par le pare-brise de ma voiture, je vois une succession de paysages de montagne où je rencontre toute sorte d’obstacles comme les virages dans les tunnels.
La fenêtre de mon enfance donnait sur un jardin. C’était un paysage très beau bordé de montagnes au cœur de la Chartreuse, un endroit où mes premiers souvenirs rejaillissent.

Fenêtres de Ali


De la fenêtre de chez moi, je vois l’arrêt de vus, une véritable fourmilière, et la boulangerie ; autrefois, lorsque j’allais en cours, elle était ouverte tous les matins, ça sentait le pain au chocolat et ça réveillait car il y avait des émotions.
Le bus, c’est un long moment où je fais place au sommeil.
Il n’y a aucune fenêtre au lycée, elles sont toutes fermées.
L’endroit où je me sens bien n’est sûrement pas l’endroit où l’on verra une seule fenêtre. Mais avec un peu d’imagination, tout endroit est une fenêtre.

Fenêtres de Jérémy


Je vois du monde qui passe, beaucoup de monde, cela m’insupporte, me rend irritable, je n’en peux plus, comment faire ? Partir ! Pourquoi ? Trop de souvenirs ! Mais sont-ils réels ? Rien, je ne vois plus rien, mais où suis-je ? Suis-je malheureux ? Oui !
Des cadavres, la famine, et moi bien habillé sans aucun souci, tous ces jeunes qui me sourient, voient en moi un espoir, mais les gens qui m’ont amené là ne leur donnent rien ! De la détresse, une belle maison, des belles voitures, du pouvoir, un homme, mais comment faire ?
Je vois un homme, j’entends des questions, je sens des menottes, je ressens une haine certaine contre un système incompréhensible, je pense pourquoi ai-je fait cela ? Un appel ? Mais à qui ? Mes parents ? Un médecin ? Je ne sais pas.

Fenêtres de Jeyson


Je vois des immeubles, une tour, des pavillons, un stade de foot, parfois je regarde les matchs, et parfois je rêve d’être un footballeur, je vois aussi une tour avec une horloge.
L’endroit où je me sens bien est dans le salon, tous les soirs je passe mon temps à jouer à la play avec mes potes et mon frère.
A la fenêtre du bus je vois le supermarché Nova, le collège, les immeubles et les gens qui font de l’espace vert.

Fenêtres de Baworn


En regardant par la fenêtre, je vois un arbre vert et grand, un parking vide qui se remplit par des flaques d’eau, par la pluie, et un chaton qui essaie de monter dans l’arbre pour se mettre à l’abri de l’eau.
La fenêtre de la tour de la terreur monte à toute vitesse, et puis elle s’arrête dans une chambre noire, après elle monte plus vite que la première montée et elle reste au sommet de la tour, et là on voit partout dans le parc de Disney, et pendant quelques secondes elle descend à toute vitesse, et j’ai peur.
A l’extérieur de ma maison, je regarde vers l’intérieur de ma chambre qui est toute noire pendant la nuit, je crois avoir vu quelqu’un dans la chambre, donc je vais à l’intérieur avec mon père, mais il n’y a rien, et après on va à l’extérieur, c’est juste l’ombre d’une veste.
Je me suis allongé sur un canapé sous un grand arbre et je regarde le plus loin possible vers le ciel.

Fenêtres de Jordan


De la fenêtre de chez moi, je vois le monde s’engloutir, ça me rappelle Mme L…, la maire de Pontault.
De la fenêtre de l’avion, je vois le monde en tout petit, je me sens supérieur aux gens, j’ai l’impression d’entrer dans un autre univers.
De la fenêtre du train, j’ai l’impression que je vois ma vie défiler, j’aimerais retourner dans le passé pour améliorer mes bêtises mais je ne peux rien faire car c’est en arrière, mais je tiens le coup car la vie est chère sur cette terre.

Fenêtres de Najwa

De la fenêtre de mon salon, je vois une colline, un stade de foot, des bâtiments, beaucoup de monde.
De la fenêtre de chez ma grande sœur, je vois un tramway, des gens qui souvent pique-niquent dans l’herbe devant la rivière où je vois des personnes âgées pêcher par beau temps.
Dans la fenêtre du train, je vois la Seine, l’île-Saint-Denis et des zones industrielles que je n’aime pas beaucoup à cause de la fumée qui se dégage, des entreprises.

Fenêtres de Geoffroy


Lorsque je regarde par la fenêtre, je vois la ville, les gens. Derrière ma fenêtre, il se passe toujours quelque chose, c’est parfois intéressant, comme le malheur des uns et des autres, plus rarement le bonheur. Je trouve que le malheur est plus facile à lire sur un visage. J’aime ma fenêtre, elle me dit le temps qu’il fait.
La fenêtre où je me sens mieux n’existe pas, ou que dans mes rêves. Derrière cette fenêtre je me sens bien, je regarde ce qu’il se passe le sourire aux lèvres, mais lorsque je me réveille il m’est impossible de me rappeler ce qu’il y a derrière.
Lorsque je regarde la fenêtre du jeu auquel je joue, je me retrouve allongé avec un fusil à lunette et j’attends que mes ennemis soient dans ma ligne de mire. Tant que je touche ma cible, je suis presque heureux.

lundi 23 avril 2012

Troisième séance : la fenêtre















fenêtres du lycée horticole de Montreuil

Après avoir demandé aux participants de l'atelier de prendre quelques photos, réelles ou imaginaires, de leur trajet, voici une autre proposition à partir de cette idée de cadre : le travail sur la fenêtre. 
Je suis partie de Fenêtres sur le monde de Raymond Bozier pour proposer aux élèves du lycée horticole d'écrire, en effet, cinq paragraphes évoquant cinq fenêtres particulières : 
- une fenêtre de chez soi (décrire l'intérieur d'une pièce ou ce que l'on voit de la fenêtre)
- une fenêtre de l'enfance (l'idée étant de tenter de retrouver le plus ancien souvenir possible : une fenêtre de la toute petite enfance, donc)
- une fenêtre en mouvement : la vitre d'une voiture, d'un train, d'un métro aérien, un hublot d'avion
- une fenêtre du lieu où l'on travaille, étudie, ou encore la fenêtre d'une salle d'attente... bref, d'un lieu où l'on est obligé de se rendre
- enfin, une fenêtre d'un lieu dans lequel on se sent bien, et libre d'y être (fenêtre de café, baie vitrée donnant sur un paysage que l'on aime, etc)














A propos du texte de Raymond Bozier, paru en 2004 chez Fayard, repris dans une version augmentée et révisée en numérique chez publie.net, quelques informations : 

Fenêtres sur le monde compte trente-sept fenêtres qui donnent sur l’intérieur comme sur l’extérieur (fenêtres "réelles" ou de fiction, tableaux, écrans...). On y trouve un récit d'anticipation dans lequel le monde est dévasté, ce que les hommes réalisent en apercevant quelques images à la télévision ; des textes d'une ou deux pages écrits dans des chambres d'hôtel ; une fiction dans laquelle une adolescente aimerait  fuguer ; une réunion dans un ministère ; ce que l'on voit d'un pare-brise lorsqu'on roule sur une rocade d'autoroute ; un texte écrit dans un train ; un autre qui évoque une gare ; la cellule d'un condamné à mort aux Etats-Unis ; des fenêtres de tableaux d'Edouard Hopper ; plusieurs fenêtres de maisons individuelles, bourgeoises ou non ; une fenêtre de métro aérien ; une baie vitrée de cafétéria...

serres du lycée horticole

Quelques liens : 

Une vidéo de la BNF dans laquelle Raymond Bozier parle de son livre
Des extraits  sur le site de la BNF, en lien avec l'atelier "Ecrire la ville"
Appartement côté cour, sur remue.net
L'atelier d'écriture de Pierre Ménard sur le même livre
D'autres liens sur Tiers Livre, le site de François Bon, écrivain et éditeur de la version numérique du livre.
Un scoop it nourri par Pierre Ménard, site qui recense les textes en ligne sur le sujet de la fenêtre.

lundi 26 mars 2012

Deuxième séance, second exercice : le trajet à toute vitesse

Il s'agit cette fois de refaire le même parcours, sans obstacle particulier, mais à toute vitesse : comment suggérer la rapidité, la ville qui change d'aspect, ce que l'on voit, ce que l'on ne voit plus ?

Voici les réponses des participants à l'atelier :

Baworn

Je prends le train et je vois tout en noir car je me suis endormi sur le chemin, je me réveille en arrivant, et je me dis je suis déjà arrivé.

Ali : 

Je prends le bus puis je dors dedans, c’est souvent le plus rapide pour venir à l’école car je ne vois pas le temps passer, c’est comme si ça avait pris un dixième de seconde.

Najwa

Je monte dans le train, je vois très rapidement la Seine avec l’île-Saint-Denis. Je suis arrivée.

Corentin

Ce matin, je me suis réveillé en retard, du coup pas le choix, il me faut prendre le vélo. J’enfourche ma bécane et j’avance à toute allure en direction du lycée.
Entre deux coups de pédale, je tourne la tête en direction de l’éboueur que je croise chaque matin, il me présente ses salutations d’un hochement de tête.
Mon retard est tellement grand qu’il me faut pédaler plus vite. Puis je rencontre un feu rouge, plus préoccupé par le temps que la sécurité, je le grille. Puis j’arrive au lycée essoufflé.

Kévin

Je monte dans le jet privé du président Book et je suis au lycée.

Le trajet avec obstacles de Kevin

Cette nuit, je me suis endormi à 5h20. Maintenant il est 6h40, mon bus est à 6h45, mes affaires ne sont pas prêtes, je m’habille vite, je pars, je cours, mon bus vient de passer, je le vois encore, je suis dégoûté, le prochain bus est dans dix minutes, il arrive, je monte dedans, il ne veut pas avancer, le moteur s’éteint, il fait trop froid, -10°, le chauffeur nous dit de descendre, il faut attendre dix minutes. Bien sûr il est en retard de cinq minutes, enfin il arrive, je monte, il part, il se paie tous les feux rouges, les voitures ne roulent pas, je suis fatigué et il n’y a aucune place assise, tout le monde crie car ils vont tous être en retard. Le bus roule lentement, à chaque arrêt il y a plus de monde qui monte, le chauffeur met de plus en plus de temps à fermer les portes. Nous sommes serrés, le conducteur conduit mal, le bus est bloqué pendant vingt minutes à cause d’un accident, il redémarre. Il est à deux minutes du terminus où je dois prendre mon autre bus, je vois l’autre bus partir, enfin mon bus arrive avec au moins 35 minutes de retard et je n’en peux plus, mais ce n’est pas fini, mon autre bus arrive dans 30 minutes, il fait froid. Mon bus arrive à l’heure, il roule bien, j’arrive deux heures en retard au lycée, j’ai loupé mes deux premières heures de cours, il me reste encore trois heures de cours avec le même prof, je vois les gens de ma classe sortir du lycée, ils me disent que le prof n’est pas là, je suis désespéré, je m’écroule.
Bref, je n’ai pas de chance.

Le trajet inhabituel de Corentin

7h50 : réveil difficile, il est temps pour moi de partir au lycée. Cependant, le réveil a été plus difficile que d’habitude. A moitié endormi, il est temps pour moi de passer le seuil de ma porte pour retrouver celui du lycée.
Ce matin-là, mon trajet ne se déroule pas comme les autres. Effectivement, je croise une vieille connaissance au détour d’un boulevard. Tout aussi en retard que moi, nous ne nous attardons pas. Puis il vient une tête familière, celle d’un éboueur que je croise tous les matins au même endroit.

Le trajet avec obstacles de Najwa

Je me réveille le matin, fatiguée. Je m’habille rapidement puis j’appelle l’ascenseur qui est presque tout le temps en panne.

Le trajet avec obstacles de Baworn

Il est lundi, après le week-end fatigant, je me réveille à cause d’un cauchemar et puis je regarde mon réveil et je me dis « Non, je me suis réveillé en retard ! » Et je regarde mon portable, et je dis « C’est vrai que le réveil n’est pas à l’heure ». Je prends une douche et comme d’habitude je n’ai pas le temps de manger. Et je sors de chez moi et voilà que je vois la pluie tomber. Je regarde vers l’arrêt de bus et je vois le bus en train de partir. Je me décide à courir jusqu’à la gare même si je suis fatigué et là je vois le train qui est en retard. Je monte pour attendre le train et le pire est là : « Votre attention s’il vous plaît, le train à destination de la gare Saint-Lazare est supprimé », dit l’accueil. Tout à coup je me dis que je n’aurais pas dû courir, et je m’énerve à cause du train et de la température. Donc j’attends le deuxième train et il est en retard. Enfin j’ai mon train, j’arrive avec dix minutes de retard à Val de Fontenay et je cours pour prendre le bus, le 122, et je le rate de peu encore une fois. J’attends le bus dehors avec le temps pourri. Enfin je suis dans le bus et je vois qu’il y a les bouchons et je me dis c’est fini, je suis en retard. Le bus m’arrête devant le lycée, je mets deux minutes à descendre du bus parce que le bus est blindé. Et je fais un sprint pour aller au lycée, et voilà qu’un ami me dit que le professeur n’est pas là, et voilà tout est noir autour de moi et je me dis que j’ai galéré pour rien et donc je rentre chez moi. Mais avant de rentrer, je me dis vu que je suis là, je vais prendre un café, c’est mieux que rien, et après je rentre chez moi. Bref le café n’est pas bon.

Deuxième séance : premier exercice, trajet avec obstacles




Comment décrire autrement son trajet quotidien ? En s'intéressant, par exemple, à ce qui pourrait faire obstacle, ralentir l'allure, obliger à la bifurcation : une grève, une entrave à la circulation, une panne d'oreiller, une distraction, le refus de se rendre, brusquement, à l'endroit donné... Pour éclairer autrement ce trajet, lui donner un relief nouveau, fiction, souvenirs, plongée dans le fantastique : tout est envisageable.

Lors de cette deuxième séance, en guise d'introduction, j'ai choisi d'évoquer le début du Ventre de Paris d'Emile Zola. Nous suivons, dans le quartier des Halles, le périple de Florent, bagnard évadé qui revient incognito à Paris et voudrait retrouver son frère, charcutier.

Voici l'extrait lu lors de l'atelier : 

Il n’eut plus qu’une pensée, qu’un besoin, s’éloigner des Halles. Il attendrait, il chercherait encore, plus tard, quand le carreau serait libre. Les trois rues du carrefour, la rue Montmartre, la rue Montorgueil, la rue Turbigo, l’inquiétèrent : elles étaient encombrées de voitures de toutes sortes ; des légumes couvraient les trottoirs. Alors, il alla devant lui, jusqu’à la rue Pierre-Lescot, où le marché au cresson et le marché aux pommes de terre lui parurent infranchissables. Il préféra suivre la rue Rambuteau. Mais, au boulevard Sébastopol, il se heurta contre un tel embarras de tapissières, de charrettes, de chars à bancs, qu’il revint prendre la rue Saint-Denis. Là, il rentra dans les légumes. Aux deux bords, les marchands forains venaient d’installer leurs étalages, des planches posées sur de hauts paniers, et le déluge de choux, de carottes, de navets recommençait. Les Halles débordaient. Il essaya de sortir de ce flot qui l’atteignait dans sa fuite ; il tenta la rue de la Cossonnerie, la rue Berger, le square des Innocents, la rue de la Ferronnerie, la rue des Halles. Et il s’arrêta, découragé, effaré, ne pouvant se dégager de cette infernale ronde d’herbes qui finissaient par tourner autour de lui en le liant aux jambes de leurs minces verdures. Au loin, jusqu’à la rue de Rivoli, jusqu’à la place de l’Hôtel-de-Ville, les éternelles files de roues et de bêtes attelées se perdaient dans le pêle-mêle des marchandises qu’on chargeait ; de grandes tapissières emportaient les lots des fruitiers de tout un quartier ; des chars à bancs dont les flancs craquaient partaient pour la banlieue. Rue du Pont-Neuf, il s’égara tout à fait ; il vint trébucher au milieu d’une remise de voitures à bras ; des marchands des quatre-saisons y paraient leur étalage roulant. Parmi eux, il reconnut Lacaille, qui prit la rue Saint-Honoré, en poussant devant lui une brouettée de carottes et de choux-fleurs. Il le suivit, espérant qu’il l’aiderait à sortir de la cohue. Le pavé était devenu gras, bien que le temps fût sec ; des tas de queues d’artichauts, des feuilles et des fanes, rendaient la chaussée périlleuse. Il butait à chaque pas. Il perdit Lacaille, rue Vauvilliers. Du côté de la Halle au blé, les bouts de rue se barricadaient d’un nouvel obstacle de charrettes et de tombereaux. Il ne tenta plus de lutter, il était repris par les Halles, le flot le ramenait. Il revint lentement, il se retrouva à la pointe Saint-Eustache.


photographie : les travaux engendrés par la construction du tramway, Porte de Montreuil

lundi 5 mars 2012

Trajet de Corentin

Mon réveil est souvent chaotique.
Tous les matins, quelques minutes après mon réveil, je commence le monotone chemin du lycée.
La première étape de mon périple passe par une boulangerie qui m’aide à émerger avec une odeur de pain au chocolat, puis j’arrive devant une maison dans un état délabré entourée d’échafaudages. Quelques centaines de mètres plus tard j’arrive à un carrefour qui a failli m’emporter plus d’une fois, puis je passe devant un stade de terre battue où j’avais l’habitude de jouer au foot étant petit. Enfin la dernière étape passe par les grands pêchers, une cité où mes profs m’ont formellement déconseillé d’aller.

*

Commentaire sur la photographie choisie :

Si j’avais une photo à prendre, ce serait la grande route droite avec la maison abîmée sur la droite et le parc de Beaumont au fond avec un grand écriteau en bois au-dessus de l’entrée.

Trajet de Najwa











Ce matin, je me réveille à 5h45 toute endormie. Je sors de chez moi à 6h15 pour prendre le RER C à 6h22, j’me place bien devant pour prendre la première porte du troisième wagon entre Epinay sur Seine et Genevilliers. Je vois la Seine avec l’île Saint-Denis au milieu.


La photographie a été prise par Najwa sur son trajet.

Trajet d'Ali

Le matin je sors de chez moi. Je suis endormi, je vois des phares qui m’éblouissent puis j’aperçois Jérémy posté à l’arrêt de bus, on rigole bêtement en se disant bonjour puis on part. Quand j’arrive au lycée il fait encore nuit et froid.

Trajet de Jordan

Tous les matins quand je me lève pour aller en cours j’ai la tête dans le cirage.
Je passe dans les petites rues, par les maisons, l’endroit est sinistre, c’est calme.
J’arrive à la gare. Des fois y’a des nuls qui me font louper mon bus vu qu’il y en a qui marchent au ralenti à la gare alors qu’il y a pas beaucoup de monde. Des fois je crie pour qu’il avance : « Passez la deuxième vitesse ! »
Dans le bus y’a des jeunes, y’a des gens qui regardent de travers, on dirait qu’ils voient un extraterrestre.
Je passe par une école maternelle où les travailleurs des fois me parlent mal, ça me donne envie de les planter.

*

Commentaire sur la photographie choisie :


Ce que je prendrais comme photo, ce qui me choque, c’est que des personnes âgées qui ont du mal à marcher doivent aller travailler, alors pour nous, ça va être comment, vu qu’on va travailler plus vieux ?

Trajet de Jeyson

Ce matin je sors de chez moi, j’allume ma cigarette et en allant prendre le train, je vois le stade de la Motte et ça me fait penser à des souvenirs comme quand je jouais au foot avec mon club, à chaque fois on gagnait, et juste à côté je vois l’hôpital Avicenne, ça me fait peur. J’étais obligé de passer ici quand je passais à côté. Je voyais les malades en chaise roulante et ça sentait les médicaments aussi. Et quand je prenais le tram, je voyais le collège, ça me faisait penser aux bêtises que j’avais faites et la cantine était infecte. Dans le bus, c’était rempli mais j’étais content parce que je voyais des jolies filles, je leur faisais des clins d’œil en descendant du bus. Je voyais les guichetiers qui donnaient à tout le monde des journaux « Direct Matin ».


*

Commentaire sur les photographies choisies

Si je devais prendre une photo, ce serait les guichetiers : ils ont le nez rouge, les mains gelées et bleues, et ils sont frigorifiés.
Si je devais prendre une autre photo, ce serait le stade, quand je rentre on dirait que le stade est infini.